Paysage de deuil, de souvenirs et de survie.
Le Monument national de l’Holocauste à Ottawa rappelle l’étoile qui servait à marquer les populations juives et autres à exterminer durant l’Holocauste – les homosexuels, les Roms, les Sinté, les Témoins de Jéhovah, les prisonniers politiques et religieux. De ce symbole visuel sont issus six volumes triangulaires de béton, de grillage et de plans changeants découpant des ouvertures vers le ciel et l’extérieur. Organisés autour d’un espace de rassemblement central destiné aux commémorations, chacun de ces volumes traduit une expérience thématique, interprétative ou contemplative particulière liée à l’Holocauste. Les deux plans terrestres, ascendant (qui pointe vers l’avenir) et descendant (vers l’intérieur du monument), qui forment ce « parcours au travers de l’étoile » sont reliés entre eux par un escalier (Stair of Hope) qui, de l’intérieur du monument, cadre une vue spectaculaire sur le Parlement.
Un paysage de conifères trapus inspiré de la forêt Boréale, force majeure du paysage physique et symbolique du Canada, entoure et supporte le monument comme autant de fiers représentants, en sol canadien, de la résilience possible face à des conditions extrêmement rudes. Dans l’histoire de l’adaptation du monde biologique au monde physique, les conifères ont en effet développé des traits spécifiques leur permettant de survivre aux difficiles conditions du climat boréal. Dans le paysage du monument, ils sont combinés en un motif allant de forte à faible densité en allant vers le centre du monument. Ce mouvement engage un saut vers un état d’esprit particulier reflété sur le sol par un même gradient de cailloux de granite allant de gros à petits. En utilisant des plants de différentes tailles pour la plantation initiale, nous créons un tapis forestier très frappant visuellement qui évoluera dans le temps et qui, à travers un entretien continu, rappelle que la mémoire et le souvenir sont des gestes actifs d’engagement.